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Paris et Londres veulent livrer des armes aux rebelles syriens

VIDÉO - Le président français et son ministre des Affaires étrangères ont marqué la volonté de la France d'enfreindre, s'il le faut, l'embargo européen sur la livraison d'armes à destination des rebelles.

Correspondant à Bruxelles

Imposant la question syrienne au sommet, François Hollande a demandé jeudi aux Européens de lever l'embargo sur les armes de guerre en faveur de la révolte contre Bachar el-Assad, sans exclure de passer outre si ses partenaires s'y refusaient. «Nous souhaitons que les Européens lèvent l'embargo (…), c'est ce que je vais dire à mes collègues, a dit le président en arrivant à Bruxelles. La France doit d'abord convaincre ses partenaires. Si d'aventure il devait y avoir un blocage, alors la France prendrait ses responsabilités (…) Mais elle doit aussi prendre ses responsabilités. On ne peut pas laisser un peuple se faire massacrer par un régime qui a démontré qu'il refuse toute discussion politique.»

Paris peut compter sur le soutien résolu de Londres. Dès mardi, le premier ministre David Cameron avait annoncé que faute d'accord européen, il entendait agir «comme bon (lui) semble» pour livrer des armes à la rébellion syrienne. Dans un contraste saisissant avec l'acrimonie franco-britannique du dernier sommet, les deux hommes se sont retrouvés pour un tête-à-tête avant le huis clos à vingt-sept.

Les rebelles réclament des armes antichars

L'objectif affiché est de faire monter la pression politique sur le régime el-Assad pour qu'il accepte enfin le dialogue avec une opposition que la France a été la première à reconnaître. Il ne s'agit «pas d'aller vers une guerre totale» et «la France n'écarte pas une issue politique» à l'avenir, insiste le chef de l'Etat. Mais à l'instant présent, «nous devons considérer que les solutions politiques ont échoué».

Mais en coulisses, les deux côtés de la Manche s'activent pour passer à l'acte. L'une des options serait de livrer des missiles sol-air aux rebelles syriens, désarmés face à l'aviation du régime. Dans une récente interview au Figaro, le général Salim Idriss, nouveau chef de l'Armée syrienne libre, réclamait aussi des armes antichars et des munitions pour les pièces d'artillerie prises à l'ennemi.

«Il faut aller extrêmement vite»

La France et le Royaume-Uni sont exaspérés par l'inertie européenne face à l'aggravation du conflit syrien et l'entêtement du régime. À l'échelon européen, l'embargo ne peut être levé qu'à l'unanimité à moins d'attendre qu'il ne s'éteigne de lui-même à la fin mai. Paris et Londres semblent bien plus pressés.

Entretenant la pression, Laurent Fabius compte obtenir une réponse dans les semaines qui viennent. «Il faut aller extrêmement vite (…) On ne peut pas accepter ce déséquilibre actuel avec, d'un côté, l'Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et, de l'autre, des résistants qui ne peuvent pas se défendre», disait-il mercredi sur France Info.

Entre Européens, la discussion pourrait atteindre son moment de vérité la semaine prochaine, lors d'un rendez-vous informel des chefs de la diplomatie à Dublin. L'alternative offerte par Paris et Londres est simple: soit lever l'embargo, peut-être à contrec½ur, soit le voir ouvertement torpillé par les deux pays de l'UE qui pèsent le plus lourd diplomatiquement et militairement.

Dans un geste peut-être calculé, François Hollande a aussi réussi à mettre Angela Merkel en position inconfortable, au début d'un sommet européen en principe centré sur la croissance et les dérapages budgétaires. Sur la Syrie, le rendez-vous de Bruxelles pourrait se jouer à front renversé, dans un rapprochement inédit Hollande-Cameron, face à la chancelière.

Jusqu'à ces derniers jours, l'Allemagne a défendu à tous crins les vertus de l'embargo contre «une course à l'armement» qui pourrait embraser tout le Proche-Orient. Jeudi après-midi, le chef de la diplomatie Guido Westerwelle a paru enclencher la marche arrière en se disant «prêt à rouvrir immédiatement la discussion» si deux partenaires «importants» le jugent nécessaire.

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